- myrtilmike a écrit:
- ce matin le figaro magazine sort son magazine avec astérix en couverture!
je vous donne un peu de lecture du figaro
Le guerrier gaulois souffle ses 50 bougies et avec lui, c'est la mémoire du dernier demi-siècle français que l'on célèbre. Vieux souvenirs, astuces de fabrication, anecdotes cocasses ou inédites : les coulisses d'un exploit éditorial.
Astérix a 50 ans. Comme Luc Besson, Christine Angot, Patrick Bruel ou Yasmina Reza, il a poussé son premier cri en 1959. Mais ses moustaches ainsi que les braies d'Obélix, son meilleur ami ont porté les couleurs de la France plus haut que n'importe quel cinéaste, écrivain, chanteur ou dramaturge. Pourtant, le miracle est ailleurs. En cinquante ans, la société française a changé du tout au tout. Mai 68, le féminisme, les crises économiques, la décolonisation, l'avènement de l'écologie, le développement des banlieues n'ont pas eu raison des deux Gaulois. Dans une France black-blanc-beur, ils incarnent toujours le refus de l'ordre établi, l'esprit de clocher, le système D et le triomphe du pot de terre contre le pot de fer. Astérix et Obélix n'ont pas pris une ride. Ils incarnent l'esprit français comme peu de héros avant eux et aucun après eux ! Avec 325 millions d'albums vendus dans 107 langues, ils ont fait connaître la Gaule au monde entier. Et, bonne nouvelle, leurs parents viennent de leur offrir l'immortalité ! Le décès de René Goscinny n'a pas eu raison de leurs aventures, et le retrait d'Albert Uderzo ne marquera pas non plus la fin de leur périple. En cédant, avec Anne Goscinny, la fille du génial scénariste, la maison d'édition Albert René au groupe Hachette, le dessinateur accepte que d'autres continuent le travail accompli. Astérix et Obélix rejoignent Blake et Mortimer, Boule et Bill ou les Schtroumpfs, qui ont survécu à leurs créateurs. (Jérôme Béglé)
La vie aux Champs 1951
Albert Uderzo intègre l'antenne parisienne de la World Press, studio belge qui fournit des pages de bandes dessinées à des éditeurs d'hebdomadaires pour la jeunesse. Les bureaux sont modestes, presque vides, mais installés sur les Champs-Elysées, au n° 34. Il y rencontre un jeune scénariste français qui revient des Etats-Unis : René Goscinny. Agés de 24 et 25 ans, ils partagent la même volonté de faire évoluer la bande dessinée humoristique vers moins de mièvrerie. Et la même envie de «refaire le monde».
Premières thraces
Si Goscinny dessinait certaines de ses histoires au début de sa carrière, son véritable talent est l'écriture. Déjà associé à Morris pour la série Lucky Luke, ou Sempé pour Le Petit Nicolas, il rode sa complicité avec Uderzo sur Oumpah- Pah, colosse indien rencontrant des colons français dans le Nouveau Monde, et Jehan Pistolet. Le voyage, la mer, les bagarres, l'humour : plusieurs ingrédients d'Astérix sont déjà là. Les années 50 aux côtés de Franquin, Roba, Peyo, Hubinon, Greg, Graton, Macherot, Mitacq, sont le temps de l'apprentissage du métier.
Le poisson-Pilote
Uderzo se souvient : «Nous avons rencontré François Clauteaux qui voulait créer un journal pour les petits Français. A l'époque, mis à part les titres belges Tintin et Spirou, les journaux étaient remplis de BD américaines. Il souhaitait que ses enfants puissent lire des histoires où la culture française serait prédominante.» Avec Jean Hébrard, professionnel de la publicité, et le scénariste Jean- Michel Charlier, Goscinny et Uderzo forment l'équipe qui décide de lancer l'hebdomadaire dont ils rêvent : ce sera Pilote, dont la sortie est prévue à l'automne 1959.
La poisse et l'angoisse
«Il nous falllait créer une histoire, se souvient Uderzo. Goscinny sait à l'époque que j'adore dessiner des animaux et réfléchit à une série inspirée par une histoire célèbre de notre patrimoine, à moderniser sous une forme humoristique : Le Roman de Renart. Nous réalisons la première page de cette BD, que je place dans la deuxième maquette du journal. René se met à écrire la suite. Nous la montrons à un de nos grands amis, le dessinateur Raymond Poïvet : “Vous qui vouliez faire dans le renouveau, c'est râpé : cette histoire est actuellement dessinée par Jean Trubert !”, nous lance-t-il. Vaillant la publiait depuis 1957, Goscinny et Uderzo ne s'en étaient pas aperçus ! «La catastrophe ! Nous étions à deux mois de la sortie du premier numéro du journal, programmé à la date impérative du 29 octobre 1959...»
Pastis et tabac à Bobigny
Au cours d'une après-midi d'août 1959, à Bobigny, dans l'appartement HLM qui domine le cimetière parisien de Pantin, Uderzo reçoit Goscinny. Il fait beau et très chaud, les deux amis ont sorti le pastis, «beaucoup bu» et «fumé énormément». Il leur faut « un personnage, un univers, et une histoire très française. » Goscinny dit à Uderzo : «Cite-moi les époques qui ont marqué l'histoire de France. L'âge préhistorique et les hommes de Cro-Magnon ? Non : beaucoup de bandes dessinées ont déjà traité le sujet. Même les Américains ! Les Gaulois ?». Goscinny réfléchit. C'est vrai, croit-il à tort, que le sujet n'a jamais été adapté en bande dessinée. « Les Gaulois sont rigolards, brailleurs, bons vivants : il y a de quoi faire. »Astérix vient de naître, sous l'effet des cigarettes et de l'alcool, de l'amitié rigolarde... et de l'urgence.
Petit mais costaud
Pour Uderzo, le personnage d'Astérix doit être malin, petit mais costaud. «Aussi perceptible qu'une ponctuation». Qu'un astérisque, en somme.
Comme à l'école
«En un quart d'heure, dit Uderzo, tout était en place. Nous nous sommes inspirés de ce qu'on nous avait appris à l'école sur les Gaulois. Un barde, un druide, un petit village, des guerriers : ça n'allait pas plus loin…» Ces clichés historiques, partagés par tous les Français ayant appris au plus jeune âge les us et coutumes de «nos ancêtres les Gaulois», vont rendre les héros immédiatement familiers à tous leurs lecteurs.
La conception spontanée d'Astérix, rapportée au succès qui s'en suivit, est une remise en cause complète des études de marché, qui, déjà à l'époque, affirmaient que le héros devait être jeune et beau pour que le lecteur s'identifie à lui et qu'il fallait traiter de problèmes actuels plutôt qu'anciens... Une conception qui faisait se gondoler Goscinny : «Demander à quelqu'un ce qu'il aimerait, c'est déjà fini, puisque nous sommes là pour surprendre le lecteur. S'il connaît les histoires avant nous, ça ne lui plaira pas.» CQFD...
Salut les copains !
Goscinny et Uderzo offrent dans leurs pages quelques hommages discrets aux héros les plus prestigieux de leurs confrères : Achille Talon, le Marsupilami, les Dupondt... Certains, à la demande des lecteurs, deviendront des héros récurrents : ainsi des héros parodiés de Jean-Michel Charlier, les pirates Barbe-Rouge, Triple-pattes et Baba.
Un Hardy gaulois
Puisque le héros principal ne sera pas un grand Celte blond, Uderzo propose à Goscinny de lui adjoindre un comparse de ce type, inspiré de ses dessins préparatoires et de leur passion partagée pour Laurel et Hardy. « Vois-tu un inconvénient à ce que je rajoute un personnage comme ça ? Le petit aura un copain très fort», demande-t-il à son compère qui approuve. «On en fera un livreur de menhirs.» Ils le baptisent Obélix.
Le fardeau de César
Entre la Gaule d'hier et la France contemporaine, le jeu des comparaisons est infini. Mais sans aller jusqu'à la reproduction d'une Gaule intégralement gallo-romaine. Au contraire, ils imaginent un petit village d'irréductibles résistant à Jules César. Fantasme d'une France occupée il y a peu, qui se réinvente résistante ? Le scénariste le nie : «On s'est simplement dit : ça va être marrant de prendre des Gaulois et des Romains, deux groupes antagonistes. Les Gaulois étant moins nombreux et moins forts, on leur donnera un druide qui fabrique une potion magique... Et c'est parti comme ça, sans autre idée préconçue.»
Méthodix
Un album d'Astérix est d'abord découpé en 44 paragraphes, correspondant à ses 44 pages, dont Uderzo se sert pour commencer ses ébauches. Goscinny procède alors au découpage scénaristique, case par case, puis envoie ses planches quatre par quatre au dessinateur. Leur entente est parfaite, les albums se succèdent à un rythme dément : 24 albums en vingt ans.
Un trait de génie universel
Avant de travailler comme dessinateur de bande dessinée, Albert Uderzo a tenté sa chance dans le dessin animé, comme intervalliste. Un pensum dont il a retenu un savoir-faire : celui de fixer une expression de la façon la plus juste. «Il est capable de dessiner clairement et avec talent n'importe quoi, jusqu'à un combat de pieuvres dans la gelée de groseilles», dit de lui Goscinny, qui ne l'appelle pas «mon dessinateur», mais «mon coéquipier et ami». Dans tous les pays, le dessin d'Uderzo est compris, et assure à Astérix un public international. Astérix n'est pas franchouillard, il est universel.
Gags à gogo
«Je ne lâche une image que quand je ne peux plus mettre de gags dedans», disait Goscinny. Cet homme-là aime rire, depuis toujours. Enfant, quand son père lui demandait ce qu'il voulait faire plus tard, il répondait déjà :« un métier rigolo». «Quand j'ai entendu dire : “Scénariste ? C'est à la portée du premier imbécile venu”, j'ai compris que j'avais trouvé ma voie. » Il confiera plus tard : « J'ai essayé un jour d'écrire une nouvelle d'amour pour un hebdomadaire féminin ; je me suis arrêté à la troisième ligne. C'est glandulaire : si j'écris, il faut que j'essaie de faire rire le lecteur.»
Citez vos sources
La Guerre des Gaules, de Jules César, La Vie quotidienne à Rome de l'académicien Jérôme Carcopino et l'Histoire de Rome d'André Piganiol : René Goscinny ne plaisante pas avec l'époque gallo-romaine et se documente avec le plus grand sérieux. «Mais quand je travaille, je ferme mes bouquins. Mon boulot, c'est le pastiche.»
Pages blanches pages roses
Merci le dictionnaire ! C'est dans les fameuses pages roses du Petit Larousse, où sont réunies les formules latines les plus emblématiques de la culture classique, que Goscinny pioche les répliques de ses personnages, placées dans ses dialogues avec un sens du tempo qui fait mouche à chaque fois. Et le scénariste serait bien en peine de faire autrement : «Ni Uderzo ni moi ne sommes latinistes !» Doctus cum libro !
Mais où est passé Souletropix ?
Il s'appelait Souletropix. Inscrit dans la galerie des personnages comme «guerrier» sur la toute première mouture du scénario original d'Astérix le Gaulois, il est finalement abandonné.
Nom d'un chien
Parmi tout le courrier que reçoivent Goscinny et Uderzo, il y a pléthore de propositions de noms gaulois, romains, égyptiens. Un jour, un concours est lancé auprès des lecteurs pour baptiser le petit chien apparu discrètement devant une boucherie de Lutèce au détour d'une case dans Le Tour de Gaule, avant de suivre Astérix et Obélix jusqu'au banquet final, d'où il repart un os dans la gueule. Des milliers de lettres arrivent, et cinq lecteurs proposent le nom Idéfix, qui est retenu. Les heureux gagnants remportent un abonnement gratuit à Pilote.
Neuvième art... majeur
«L'essentiel de la révolution dont je peux être l'auteur dans ce métier, avec Albert Uderzo, c'est le succès de notre Astérix, se réjouissait le scénariste. Parce qu'à partir de ce moment-là, les adultes ont enfin avoué lire de la bande dessinée. C'est entré dans les moeurs. Les gens ont commencé à en parler d'une façon qui n'était plus péjorative. Cela a bénéficié à toute la profession et a donné un essor à ce moyen d'expression.»
Entre ici, Georges Dargaud...
Alors que Pilote fait un tabac commercial, l'équilibre du journal est mis en danger par le départ de plusieurs actionnaires. Le sauveur sera Georges Dargaud, qui édite déjà Lucky Luke et possède les droits du journal Tintin pour la France. Grâce à lui, l'aventure Pilote continue. Mais son manque d'ardeur à soutenir le succès croissant d'Astérix, conjugué à certaines indélicatesses conduiront Goscinny et Uderzo à rompre avec lui. Dans la douleur.
Un album chasse l'autre
Goscinny et Uderzo viennent un jour dédicacer Le Combat des chefs au Printemps. Pas un seul lecteur ne se présente. Un bruit de foule finit par se faire entendre à l'étage inférieur : c'est Sheila, qui dédicace son dernier 33 tours. De Belgique, elle a rapporté dans ses bagages... le dernier Astérix !
Cousins Germains
Astérix chez les Goths est le premier album traduit à l'étranger (1964). Un carton... en Allemagne, malgré la caricature grinçante que font les auteurs des Goths (casque à pointe et esprit martial). En 1990, Le Figaro Magazine relaie à sa manière cette réconciliation franco-allemande via Astérix en publiant chaque semaine des planches du Devin (Der Seher) «pour vous aider à devenir bilingue».
Vive le Général de Gaule !
Incroyable ! Lors d'un conseil des ministres, au début des années 60, le général de Gaulle se met à appeler ses ministres en les appelant chacun d'un nom gaulois, emprunté aux aventures d'Astérix.
Goscinny, juif d'origine ukraino-polonaise ayant grandi en Argentine et à New York, et Uderzo, fils d'immigré italien, dressent dans leurs albums un portrait affectueux de la France des années 60 et 70. Quand Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, déclarera un jour « Je voudrais être Tintin», Goscinny affectera d'être choqué: «J'ai la plus grande amitié pour Hergé et pour Tintin, mais enfin, quand même, ce sont des étrangers...»
Astérix dans les étoiles
Ce n'est pas une blague : le premier satellite français envoyé dans l'espace, le 26 novembre 1965, porte le nom du vaillant guerrier gaulois ! Comme un signe de résistance et d'autonomie en pleine guerre froide. «Quand je l'ai appris, j'ai prié pour qu'il ne se casse pas la gueule », commentera Goscinny. En vérité, c'est l'un des responsables du programme spatial français qui a donné à l'appareil ce surnom, aussitôt plébiscité. Et quand le scénariste remerciera Alain Peyrefitte de cet hommage, la grimace du ministre parlera d'elle-même : officiellement, le satellite était baptisé A-1...
Star Academy
Ils sont venus, ils sont tous là. Vedettes du cinéma, de la télévision ou de la variété, on les retrouve en savoureux personnages secondaires au fil des albums. Bernard Blier (en haut) et Sean Connery en agents spéciaux de l'Empire ; Guy Lux et Jean Richard animateurs des jeux du cirque ; Jean Gabin, Lino Ventura, Pierre Tchernia et Aldo Maccione en officiers ou légionnaires ; les Beatles, Raimu, Eddy Merckx, Annie Cordy en autochtones exemplaires. Mais aussi Jean Marais, Jacques Chirac, Kirk Douglas, Arnold Schwarzenegger. Plus quelques visages oubliés aujourd'hui : l'acteur André Alerme, le compositeur Gérard Calvi, le scénariste Georges Fronval.
Primus Longus-metragus
Sans en parler à Goscinny et Uderzo, Dargaud fait réaliser en 1967 une adaptation en long-métrage animé d'Astérix le Gaulois. Le procédé déplaît aux auteurs, mais le résultat les impressionne et remporte un succès qui les étonne. Pourtant, quand ils apprennent qu'un second film est en préparation à leur insu (La Serpe d'or), ils voient rouge et exigent l'abandon du projet.
Une amitié sans compter
Lorsque les ventes des albums s'envolent, Uderzo juge équitable que les droits d'auteur soient partagés à 50-50 avec son comparse.... une fois les 300 000 premiers exemplaires vendus ! Le dessin étant en effet plus long à réaliser que le scénario, le partage entre scénariste et dessinateur se faisait à un tiersdeux tiers. Goscinny proteste un peu, avant d'accepter l'offre de son ami. Leur seul désaccord en vingt ans de carrière…
Les auteurs d'Astérix ont souvent été taxés de misogynie. Ce serait oublier combien certaines beautés ont pu les inspirer : ainsi Liz Taylor pour Astérix et Cléopâtre, ou, dit-on, Ada, l'épouse d'Uderzo en Falbala.
Pas de politique, d'abord !
Pas de préférences politiques exprimées dans Astérix.«Nous sommes des comiques qui n'avons qu'un seul désir, une seule vocation : amuser les enfants et ceux qui le sont restés !» C'est ce qui conduira le scénariste, de confession juive, à éviter soigneusement d'envoyer Astérix en Israël.
Traductions sous surveillance
Publié dans le monde entier, Astérix doit surmonter l'épreuve de la traduction des astuces et jeux de mots dont Goscinny truffe ses pages. «Il affranchit le rubicond» : comment restituer un tel calembour en serbo-croate ? Le scénariste a sa méthode : il demande à ce qu'on lui retraduise en français la traduction, pour vérifier le respect du récit et la valeur des gags.
CCCXXV
C'est le nombre de personnages créés par Goscinny, d'Abraracourcix, chef gaulois, à Zurix, banquier helvète. Près d'une centaine d'autres rejoindront le panthéon astérixien après la mort du roi René.
Pom-Pom-pi-dou !
C'est Georges Pompidou lui-même qui souffle aux auteurs l'idée d'envoyer Astérix en Suisse. «Nous n'avons pas réalisé Astérix chez les Helvètes tout de suite, se souvient Uderzo. On a sa dignité !»
Saint Jérôme, priez pour eux
Adressé aux auteurs, le courrier vient du couvent des dominicains d'Alger. Il contient la photocopie d'une page d'un ancien livre de psaumes, reproduction des traductions de la Bible de saint Jérôme, au IVe siècle. Le texte latin contient cette ligne : « Ac in secunda editione obelis et astériscis illustratus ». Obélix et Astérix dans un texte de l'Antiquité chrétienne ? Goscinny et Uderzo n'en reviennent pas. Mais une fois obtenue, la traduction explique tout : « Et dans la deuxième édition, éclairée d'obèles et d'astérisques ». Le passage fait tout simplement allusion à des signes graphiques indiquant l'inclusion de commentaires dans le texte biblique...
Hutte tout confort
Dans Le Devin, Uderzo dessine sa résidence secondaire, qu'il a fait construire aux environs de Paris. Une sorte de maison gauloise, chauffage central et isolation en plus. Très seventies, malgré tout.
Formules magiques
Goscinny invente des formules qu'on entend dans la rue et qui entrent dans le langage courant. On oublie même qu'il en est l'auteur. Le triomphe pour ce timide génial.
Adieu, lapin
Goscinny meurt d'un arrêt cardiaque à 51 ans, en 1977. A la fin de l'album Astérix chez les Belges, un lapin quitte tristement le banquet final, illustré à la manière de Bruegel : l'hommage d'Uderzo à son compère René, qui appelait sa femme Gilberte «lapaing», imitant son accent niçois.
Vous reprendrez bien un peu de sanglier ?
A force de représenter les sangliers sous l'aspect appétissant d'énormes poulets rôtis, les auteurs finissent par être invités à des «soirées sangliers», où leur en sont servies d'énormes portions. «On croyait nous faire un immense plaisir. Or le sanglier est tout à fait écoeurant !»
Le tour du monde d'Astérix
Les aventures du Gaulois ont été traduites en 107 langues et dialectes, dont les plus exotiques (ourdou, créole réunionnais, espéranto... et latin, bien sûr !).
Rêve d'Armorique
En visitant le village d'Erquy, en Bretagne, Uderzo découvrit que la côte correspondait exactement à celle représentée dans les albums, y compris les trois rochers affleurant à distance de la plage. Une pure coïncidence, a-t-il toujours affirmé.
La face cachée du Monde
En 1974, Le Monde accueille dans ses pages la prépublication du
de César. Le gérant du journal affirme à Goscinny que cela n'a eu «aucun effet sur les ventes». L'OJD dit le contraire : le quotidien a fait + 15 % !
Le combat des chefs
S'il y a une distinction à faire entre eux, Hergé juge que : «Tintin est plus ingénu et se lit au premier degré. Astérix vaut surtout pour son second degré.» Goscinny signifie à son ami belge qu'il est d'accord :«Vous construisez une histoire sur laquelle vous greffez des gags, nous construisons des gags sous lesquels nous greffons une histoire.»
Les beaux quartiers
Autour de l'éditeur belge Dupuis, qui publie Spirou, prospère «l'école de Charleroi». Face à elle, Astérix est-il d'une « école de Paris », comme l'énonce Jacques Martin, l'auteur d'Alix ? «C'est plutôt l'école de La Muette pour moi», répond Goscinny, pince-sans-rire, sur le plateau de Pierre Tchernia, alors que le succès lui assure désormais un revenu confortable et un bel appartement en plein XVIe arrondissement. « Et moi celle de Neuilly », renchérit Uderzo, installé dans un hôtel particulier.
Les uns et les autres
Goscinny retraite avec génie de multiples ingrédients de la culture occidentale, le neuf comme l'ancien : Don Quichotte, Shakespeare, Rembrandt, Géricault, mais aussi des extraits des péplums hollywoodiens de l'époque, l'italien Satyricon de Fellini, la variété ou les chansons militaires, etc.
Appellation d'origine contrôlée
Albert avant René ? Uderzo a-t-il la grosse tête pour se mettre ainsi à la première place en baptisant la maison d'édition qui publiera désormais les nouvelles aventures d'Astérix ? Nullement : c'est juste qu'ainsi « les deux consonnes R se mêlent mieux phonétiquement.» Une appellation retenue avec l'accord de Gilberte, la femme de René Goscinny.
Astérixland
En 1967, Uderzo et Goscinny avaient autorisé la création d'un parc Astérix entre Nice et son aéroport. Un désastre. Il avait très vite fermé ses portes. Quelques années plus tard, Uderzo visite Disneyland en Californie et se dit émerveillé par le don des Américains pour le show. Et pourquoi pas la même chose en France avec le héros au casque ailé ? Folie, lui répond-on. Mais l'homme est têtu. Avec professionnalisme cette fois, un tour de table solide, et bien qu'ayant moins de soutien politique que n'en reçoit le projet Disneyland Paris, le Parc Astérix sortira de terre au printemps 1989. Il figure parmi les premiers parcs de loisirs de France.
Idéfix en studio
Goscinny et Uderzo créent en 1974 le Studio Idéfix, chargé de réaliser des dessins animés. Deux films seulement verront le jour : Les Douze Travaux d'Astérix (1976) et La Ballade des Dalton (1978).
Lonesome cowboy
Poussé par le public à reprendre la plume, Uderzo finit par se lancer dans un album solo au début des années 80. Ce sera Le Grand Fossé, l'histoire d'un village coupé en deux par des rivalités de pouvoir. Le sujet, confie-t-il, lui est inspiré par le mur de Berlin, une référence... que personne ne reconnaît ! Surprise : l'album s'écoule à 2 millions d'exemplaires. Compliment suprême : certains pensent que le scénario serait peutêtre de Goscinny lui-même.
L'homme qui valait des millions
Les albums d'Astérix se sont vendus à 325 millions d'exemplaires dans le monde. Plus d'une centaine de thèses universitaires lui ont été consacrées. Huit dessins animés ont vu le jour, ainsi que trois long-métrages (dont l'hilarant Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, avec Monica Bellucci), en attendant l'adaptation du Tour de Gaule. La potion magique rend vraiment invincible.