Affaire Uderzo: père et fille s'affrontent devant les prud'hommes
Le dessinateur Albert Uderzo, co-créateur d'Astérix, et sa fille Sylvie se sont affrontés lundi, par avocats interposés, devant le tribunal des Prud'hommes de Paris, la seconde contestant son licenciement pour faute grave par son père, fin 2007.
La décision du tribunal sera rendue mardi matin.
Sylvie Uderzo de Choisy, 52 ans, conteste son licenciement pour faute grave de son poste de directrice générale de la société Albert-René, éditrice des neuf derniers albums d'Astérix, fondée en 1979 par Albert Uderzo après la mort de René Goscinny, co-créateur des personnages. Elle réclame 776.000 euros de dommages et intérêts.
Le père, 81 ans, et sa fille unique, présents à l'audience, ont soigneusement évité de se regarder pendant la plaidoierie des avocats.
La lettre de licenciement reproche notamment à Mme Uderzo des absences répétées, et des réunions, au sein de la société, avec son mari Bernard Boyer de Choisy, dirigeant de la société de communication BB2C, qui s'occupait de la communication des éditions Albert-René avant qu'il ne soit mis fin à son contrat.
Me Baratelli, représentant d'Albert Uderzo, a plaidé que le travail proposé par M. Uderzo à sa fille en septembre 1986 était "un emploi de complaisance, voire un emploi fictif". "Sylvie Uderzo est venue au sein de la société au gré de ses envies et de son affection paternelle", a-t-il ajouté.
Selon l'avocat, Albert Uderzo a voulu mettre fin à cette situation lorsqu'il s'est aperçu que son gendre "avait abusé des biens sociaux de l'entreprise".
Me Pariente, avocat de Sylvie Uderzo, a contesté la validité du licenciement, déclarant que les absences de sa cliente fin 2007 correspondaient à un congé maladie.
Le licenciement de Mme Uderzo est "dû à des considérations totalement extérieures au travail de ma cliente", puisqu'il s'agit d'un conflit familial portant sur la cession des éditions Albert-René, a argué Me Pariente.
Albert Uderzo a cédé en décembre dernier à Hachette Livre les 40% de participation qu'il détenait dans Albert-René. Avec l'acquisition des 20% détenus par la fille de René Goscinny, Hachette détient désormais une participation majoritaire. Une opération dénoncée par Sylvie Uderzo, qui reste propriétaire des 40% restants d'Albert-René.